Marie Jacquier
C’est en 2018 que Marie fonde son bureau de presse et de communication au service des marques et acteurs de la culture et de l’art. Ceci nourrit de nombreuses et prestigieuses expériences aux côtés de maisons d’éditions, revues et musées tel.le.s que Télérama, Gallimard, Paris Musées (les musées d’Art moderne, Carnavalet, Cernuschi, le Petit Palais, Bourdelle, Palais Galliera, Vie romantique…) mais aussi de nombreux artistes, designers ou architectes.
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Tout comme vous, Valentine côtoie de longue date les artistes et puisent en eux une manne créative importante. Quels sont les artistes et œuvres qui vous ont le plus influencés votre vie et vos décisions ?
Je me nourris de toutes les expositions sur lesquelles j’ai pu être amenée à réfléchir et travailler, mais aussi des lectures et des Prix littéraires que j’accompagne.
J’avais été très marquée par la proposition à Monumenta, de Christian Boltanski au Grand Palais en 2010. Des piles de vêtements amoncelés au sol, faisaient référence à la Shoah et aux vêtements des déportés. C’était très prenant, on voyait forcément derrière chaque vêtement, une personne.
Je pense aussi à la mise en scène des sculptures géantes de l’artiste sénégalais Ousmane Sow, en 1999, exposées sur le pont des arts à Paris, que nous avions soutenu à Télérama. Je suis fière aussi d’avoir créé le Festival de Cinéma de Télérama, mon idée était de proposer une rediffusion pendant une semaine, d’une sélection de films sortis dans l’année et choisis par la rédaction et les lecteurs. Cela a été l’occasion de rencontres formidables avec les producteurs et distributeurs.
Depuis quelques années, notre vision du monde mais aussi notre place dans celui-ci en tant qu’humain.e a beaucoup évolué. Nous reprenons conscience de notre place dans l’éco-système terrestre avec plus d’humilité en quelque sorte. Avez-vous décelé chez les artistes cette sensibilité à l’écologie comme une préoccupation de plus en plus prégnante aussi ?
Je l’ai décelé chez de nombreux artistes, mais aussi dans les institutions culturelles qui ont aujourd’hui une grande conscience de la manière de produire des expositions, en faisant venir moins d’œuvres de l’étranger, sur de longues distances, pour réduire leur empreinte carbone. Plus qu’auparavant, les œuvres des collections sont sorties de leurs réserves et montrées au public.
Le Musée national des arts asiatiques – Guimet, dont j’ai accompagné récemment la stratégie et la communication, met en place un comité de pilotage et de réflexion sur ces questions pour aller vers un musée éco responsable.
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La frontière entre art et mode est souvent ténue et très poreuse, Valentine pense ses vêtements comme des œuvres, notamment ses imprimés qui ont une force très picturale. Croyez-vous que l’on puisse ériger la mode, du moins une certaine mode, au rang d’art visuel aux côtés de la peinture ou de la photographie par exemple ?
Bien sûr, je suis tout à fait en phase avec cette idée que la mode est en soi un art majeur, qui donne à voir du beau, peut rendre beau aussi. J’ai travaillé 12 ans pour le Palais Galliera, et les expositions s’attachent à magnifier le vêtement, le mettant en scène d’une manière nouvelle et contemporaine, sous la houlette du directeur de l’époque, Olivier Saillard. Pensons aux vêtements architecturés de Madame Grès, et à l’exposition « la couture à l’œuvre » au Musée Bourdelle en 2011. D’ailleurs elle disait « Je voulais être sculpteur. Pour moi, c’est la même chose de travailler le tissu ou la pierre ». L’exposition Alaïa en 2011, était aussi un manifeste de la créativité de cet exceptionnel couturier. En inventant de nouvelles morphologies par le simple jeu de coutures complexes, Alaïa est devenu le couturier d’une œuvre. Son influence sur la mode contemporaine a été tout à fait fondamentale.
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De manière plus pragmatique, qu’est-ce qui vous motive à acheter un vêtement. Quelles sont les conditions que doivent remplir celui-ci pour vous satisfaire ?
J’ai des coups de cœurs, des envies irraisonnables, j’achète des vêtements pour leur style, leur matière, leur coloris. En ce moment, moi qui ne m’habillais qu’en noir, gris, bleu marine et blanc, j’ai découvert les couleurs plus présentes. La silhouette qu’un pantalon apporte quand il est bien coupé, un talon qui relève la jambe, tous ces détails comptent.
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Qu’est-ce qui vous a attiré dans le vestiaire de Valentine Gauthier ? Est-ce que ses engagements pour une mode plus responsable et éthique sont quelque chose qui vous touchent ?
Ce qui m’attire dans le vestiaire de Valentine Gauthier est sa vision de la féminité. Quelque chose de présent, tout en subtilité, c’est une couleur, une matière, une douceur, apportées par ses créations. Son souci permanent d’une fabrication éthique, et responsable, sont aussi très importants pour moi. Cela change le rapport à la marque, on ne fait pas que consommer, on est dans cet engagement à ses côtés.
Enfin, quels sont vos projets pour les mois à venir ? Qu’est-ce que vous désireriez réaliser à l’avenir ?
Pour les mois à venir, la préparation de la nouvelle édition du Prix de la Closerie des Lilas, un prix merveilleux soutenu par Carole Chrétiennot, qui rassemble des femmes de tous univers, et qui célèbre depuis 16 ans, une romancière ; l’accompagnement de la toute jeune foire Menart Fair dédiée à l’art du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord créé par une femme extraordinaire Laure d’Hauteville qui voue sa carrière au soutien des artistes de ces régions ; la nouvelle exposition de CMS Collection, fondé par le formidable trio, Joanna Chevalier, Hervé Mikaeloff et François Sarkozy, au Château La Coste de l’artiste Nabil Nahas ; le nouveau projet collectif, “D’une génération l’autre, mutations de l’abstraction” de la Galerie Bessières présentant 35 artistes, dans leur lieu à Chatou ; pour ne citer que quelques projets.
Je travaille à la mise en place d’une série d’événements dont je vous dirais vite ce qu’il contient, mais il s’agit de transmission et de partage, qui m’anime et rend mon métier toujours plus passionnant, et ce toujours sur mon terrain de jeu favori, l’art et la culture !